L'histoire que je vais vous racontez ce soir aurait pu faire un beau poisson d'avril, j'ai même hésité à la raconter en ce jour, tellement il est difficile d'y croire.
J'ai dans mon secteur le genre de terrassier que l'on a tous, celui qui se pense au dessus mais qui est en dessous de tout, celui qui pense que les services sont des moins que rien et qu'ils ne valent pas la peine de les prévenir de la pose d'une micro, qui fait suivre d'un puisard avec trop plein "parce-qu'y'avait de l'eau quand on a creusé". J'ai donc ce personnage qui après m'avoir expliqué en long et en large mon inefficacité et mon manque de distinction des bons écolos (comme lui) et des mauvais (comme moi, oui il sait lire les blogs) m'affirme que même le ministère lui réclame, à lui, ses micro et qu'il va jusqu'à Chambery pour en poser. Il a même des courriers que le ministere lui a envoyé pour le féliciter... Il n'a pas malheureusement ce fameux courrier avec lui mais que j'en entendrais bientôt parler par ses avocats.
Diantre, est-ce possible ? Cela m'intrigue. Donc je me renseigne : voilà qui mérite d'être vérifié. Je prends mon bourdon de pélerin, et je contacte mes RG (renseignements généreux, merci Daniel).
Loin d'être d'une anecdote, les faits sont assez graves pour être rapportés au ministère de l'environnement.
L'histoire que l'on m'a raconté me laisse le c.. par terre.
Du coté de Chambéry, le labo central des ponts et chaussée (ex LCPC devenu l'IFSTTAR en fusionnant avec INRETS : preuve s'il en faut qu'ils font bien partie de notre grande administration puisqu'ils portent désormais un accronyme aussi long que abscon, mais ce n'est pas le sujet) a effectivement fait posée une installation en juin 2010.
Il s'agit d'une micro non encore agréée, ils ont leurs courriers depuis le 25 mars 2011 (j'ai eu plein de copies arrêter de m'en envoyer) mais pas de publication officielle à ce jour. De toutes façons, le travaux ont eu lieu en juin 2010, bien loin de tout agréments ou autorisations.
D'ailleurs, il semble que le SPANC de Chambéry ne soit pas au courant de ce dossier. On aurait omis de leur présenter un dossier de conception et on a sottement oublié de les prévenir des travaux, non, ne me dites pas que c'est possible, pas venant d'un établissement public du ministère qui fait les arrêtés ..... bin si c'est possible.
Sauf, sauf que des contacts avait été pris auprès du service bien en amont et que devant l'insistance du SPANC local à faire une étude, on les a "oublier".
Auprès du responsable du labo (docteur, s'il vous plait), on s'entend dire qu'il n'y pas de spanc à Chambery (salut à vous si vous me lisez), que
de toutes façons c'est un site privé et que sur les éboulis de falaise, ça infiltre.
Ce responsable de Labo se fend même d'un courrier de satisfaction auprès du terrassier, il me l'a gentiment fait parvenir "pour servir et faire valoir ce que de droit": je vous livre son contenu :
Paris, le 15 octobre 2010
Monsieur,
En date du 1er au 3 juin 2010, vous avez installé sur notre site de la station d'essais de chute de blocs du LCPC* une micro-station d'épuration de type EPURALIA 10.
La station d'essais de chutes de blocs est construite dans une zone dédiée de la carrière de Montagnole(Savoie), propriété de l'entreprise **** (masque du nom car ils n'ont rien a voir là dedans). C'est un site écologiquement sensible.
La micro-station traite un bungalow sanitaire composé de 2 WC, 2 urinoirs, 2 douches et un évier.
La compacité, la mise en oeuvre rapide, la capacité de traitement, l'innovation et la possibilité de la retirer facilement en fin de vie de notre site d'essais ont été nos principaux critères de choix pour cette technique de traitement de nos eaux usées.
la micro-station (EPURALIA 10) nous donne pleine et entière satisfaction.
Lettre de satisfaction, pour servir et valoir ce que de droit, veuillez......
en bas de page (à coté du logo de certification qualité, y'a de l'humour aussi)
* Le LCPC est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle conjointe du ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Ce même labo avait eu les honneurs du Monde en octobre 2009, là , on ne rit plus.
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1137174Cela pourrait porter à rire si effectivement il s'agissait d'un bête oubli de dossier ou d'un léger retard de dépôt...mais on a sciemment shunté le SPANC, on sciemment installé du matériel non agréé, on a sciemment non respecté les arrêtés du 7/09/09, on se fout des rejets, et on est satisfait !!! Bon, vous me direz : c'est une installation provisoire........pour 10 ans !
Au delà de ça, je trouve également particulièrement étrange qu'un terrassier du Finistère soit concurentiel en Savoie, mais bon pourquoi pas, ça le regarde, je n'aimerais pas payer son gasoil.
Pour le fabriquant de la µstep (qui intervient régulièrement ici), voilà un joli coup de pub !! je serai personnellement ravi d'entendre parler de mon produit comme ça à quelques jours de mon courrier d'agrément et d'une publication !!!
Il y a là un exemple du mépris des instances à l'encontre des services.
Il y a là un exemple du mépris des textes et réglementations même dans les institutions du ministère.
Il y a là un exemple de cette non-volonté écologique, des pseudo textes de green washing et de leur application.
Un responsable, docteur ENPC sous tutelle du ministère de l'écologie, se fout des agréments, des textes et de l'impact sur son site "écologiquement sensible" (sic), alors pourquoi dans nos campagnes ferait-on un effort ??
Cette situation est, à mon avis, extrêmement grave, et demande, si ce n'est des excuses de ce laboratoire (et une remise en conformité) auprès des services locaux au moins des explications des ministères tutélaires.
Vous pouvez m'aider à faire remonter l'info aux ministères (Mme Odile GAUTHIER, si tu me lis...), voilà un beau sujet de moquerie pour les eaux glacées ou un canard...